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22 décembre 2012

Tugdual Derville : la Manif pour tous peut « déraciner un projet qui passe pour acquis »

Le collectif de La Manif pour tous est en passe de réussir son pari d’une manifestation de masse. Malgré les pressions sur les organisateurs, la mauvaise foi médiatique et l’autisme prolongé du gouvernement. Le point avec Tugdual Derville, d’Alliance VITA, qui coordonne la mobilisation dans les régions et les associations.
Vous faites partie de l’organisation de la manifestation du 13 janvier. Où en êtes-vous de cette préparation gigantesque ?

Nous sommes tous sur le pont, pour gérer à la fois la mobilisation, la communication et la préparation du jour J. Localement, les trente et une associations organisatrices ne nous ont pas attendus pour prendre de multiples initiatives. Et l’organisation nationale est là pour soutenir et faciliter ce bouillonnement. Nous avons donc mis en place un organigramme complet qui couvre désormais l’ensemble des départements, accessible pour tous grâce à une carte interactive que l’on trouve sur le site www.lamanifpourtous.fr. Chaque responsable départemental est entouré d’une équipe composée de membres des mouvements qui mobilisent – ou de simples citoyens – avec une répartition des tâches : tractage, communication en ligne, organisation des transports, trésorerie, etc. Se montent simultanément des systèmes de transports par car, train, ou covoiturage, pendant que de nombreux Franciliens ouvrent leurs maisons pour accueillir les manifestants venus de loin. Tout cela est également accessible au travers du site Internet. Au plan local, se multiplient les tractages de façon massive et ouverte pour que toutes les sensibilités de la résistance au projet gouvernemental soient largement représentées dans les rues de Paris le 13 janvier 2013. Quatre millions de tracts et cinquante mille affiches ont déjà été imprimés. Grâce à Internet, nous devons réussir en quelques semaines ce qui prenait, il n’y a pas si longtemps, de nombreux mois. Je suis personnellement émerveillé de l’engagement et de l’inventivité des milliers de bénévoles, qui travaillent nuit et jour dans les « soutes » de La Manif pour tous à Paris ou en régions. Voilà pour la mobilisation.

Dans le même temps, l’équipe nationale de La Manif pour tous se concentre sur la préparation des défilés (accueil, gestion des flux…) et de l’animation (banderoles, panneaux, slogans, etc.) pour le jour J, et ça aussi, c’est un gigantesque travail.

Quels sont les indices qui permettent aujourd’hui de pronostiquer – comme le font les RG – que le 13 janvier sera une « manifestation monstre » ?

Attention ! En fantasmant sur certains chiffres, on risque de se faire piéger. Les manifestations régionales du 17 novembre ont constitué la plus importante mobilisation depuis de longues années dans les grandes villes telles que Paris ou Lyon. C’est un acquis dont nous partons, avec l’ambition, bien sûr, de faire nettement mieux. Tout le reste ne serait qu’élucubration. Je dois simplement vous dire que les atermoiements du président de la République autour de l’objection de conscience des maires, puis de la procréation artificielle ont encore dopé la mobilisation, nous sommes donc confiants. Aucune personne ayant conscience de l’enjeu ne doit manquer ce rendez-vous.

Le débat semble s’être durci, au point que vous avez demandé une protection policière. Vous sentez-vous réellement menacé ?

Personnellement, pas. C’est plutôt Frigide Barjot et Xavier Bongibault qui concentrent le plus d’attaques personnelles. De façon toujours lâche et le plus souvent anonyme. Xavier Bongibault surtout a déjà été molesté et a reçu de multiples menaces de viol. Frigide a pour sa part porté plainte pour diverses diffamations touchant sa vie familiale. Ce qui me frappe en tant que débatteur attentif à maintenir un climat de paix, c’est que notre résistance au mariage et à l’adoption par deux personnes de même sexe est interprétée par nos opposants, sans aucun recul, comme un signe de haine. Cela me paraît très révélateur de leur refus d’accepter certaines limites : comme s’il ne devait y avoir aucun frein à des revendications aussi sensibles que celle du droit à l’enfant. En ce qui concerne les rassemblements qu’Alliance VITA avait organisés le 23 octobre 2012, dans soixante-dix villes de France, pour placer l’enfant au cœur de ce débat, nous déplorons qu’en certains endroits les pouvoirs publics aient laissé des contre-manifestants nous provoquer au cœur même de nos rangs. Certains slogans ou panneaux des partisans du projet de loi, sous couvert d’ironie vont jusqu’à l’appel au meurtre ! « Un hétéro, une balle ; sa famille, une rafale ». Nous aimerions que les médias dénoncent avec fermeté ces discours. Imaginez ce qu’on dirait si l’équivalent était affiché dans nos rangs. Nous le contesterions immédiatement.

Des manifestants de La Manif pour tous du 8 décembre à Lille ont même enduré sans riposter des crachats. Ils ont été exemplaires. Nous ne voulons pas céder pas à ce type de provocation ; mais ce n’est pas parce que nous sommes paisibles que nous ne méritons pas de protection : nous demandons donc aux forces de l’ordre d’assurer notre liberté de manifester reconnue par la Constitution. L’ampleur du défilé pacifique du 17 novembre, qu’ils reconnaissent avoir sous-estimée, fait que désormais ils nous prennent au sérieux. Nous travaillons donc étroitement avec les forces de l’ordre pour sécuriser le jour J, pour tous.

La manifestation se veut aconfessionnelle et apolitique. Cela veut-il dire que les catholiques devront mettre leur croix ou leur col romain dans leur poche ?

Bien sûr que non ! Attention à ne pas entretenir de malentendu sur ce point : le mariage civil, le statut de la famille et la filiation sont des questions qui concernent tous les Français, croyants ou incroyants, de gauche ou de droite, et d’ailleurs indépendamment de leur orientation sexuelle. Nous avons bien vu qu’il y avait un piège à laisser croire que c’est un sujet « catholique ». Il suffit de voir la liste des associations : les catholiques y ont leur place, mais cette liste témoigne de la diversité des sensibilités et croyances ; les sept porte-parole actuels de La Manif pour tous, parmi lesquels le musulman Camel Bechikh, le juif laïc Lionel Lumbroso et la militante de gauche Laurence Tcheng, en sont le signe. Parmi les croyants, il y aura des catholiques, des protestants, des orthodoxes, des juifs, des musulmans. Et bien sûr des personnes qui ne se revendiquent d’aucune religion. « Pour tous », c’est bien notre réponse citoyenne au slogan du « mariage pour tous » par lequel ce projet voulait s’imposer. Cependant, il ne s’agit aucunement d’effacer les signes personnels de croyance ou de statut. Frigide Barjot a même invité, avec son humour habituel, toutes les professions (dans lesquelles elle inclut les vocations religieuses !) à venir « en tenue », ce qui n’interdit pas d’y ajouter un zeste de couleur pour enjoliver le tout, la Manif étant bleu, blanc, rose ! Sérieusement, il ne s’agit pas de faire de cette manifestation une procession religieuse. Cela ne serait pas cohérent ni avec son objectif, ni avec toutes les sensibilités présentes.

Craignez-vous une récupération politique de la part de l’UMP ?

Comme de nombreux élus et membres de ce parti hostiles à ce projet gouvernemental, je pense que ce serait catastrophique. L’élan de La Manif pour tous a surgi de la base, pas même des associations, pourtant mobilisées de longue date. Quelques citoyens ont pensé qu’il fallait très vite manifester en régions, dès novembre. Il serait injuste de voler cette mobilisation à ceux qui l’ont initiée, avec un indéniable courage et une magnifique efficacité en termes de nombre et de communication.

Nous avons donc demandé à tous les partis politiques (pas seulement à l’UMP), ainsi qu’à toutes les associations organisatrices, de défiler sous un seul label : celui de La Manif pour tous qui demande la suspension – c’est-à-dire le retrait en l’état – du projet de loi, et l’ouverture d’un vrai débat sur la famille et la filiation. Cela nous oblige tous à effacer nos logos derrière celui qui nous réunit, et à mettre au second plan des revendications secondaires qui ne font pas l’unanimité. C’est la grande force de cette Manif pour tous : elle simplifie et unifie complètement toute l’organisation. Nos « tribus gauloises », riches et diverses, et qui ne sont aucunement obligées d’être d’accord sur tout, ne feront qu’une seule ce jour-là, pour la cause qui nous unit. Reste que les élus sont bienvenus : de gauche comme de droite, ils sont attendus, avec l’écharpe correspondant à leur mandat : parlementaires, qui font la loi, conseillers régionaux ou généraux, maires. Comme officiers d’état civil concernés au premier chef par la sauvegarde du mariage républicain, les maires seront particulièrement à l’honneur, avec les Maires pour l’enfance, mouvement transpartisan de 18 000 élus.

Au sein de l’organisation, comment se répartissent les rôles ? Vous-même, quelle place occupez-vous aux côtés de Frigide Barjot ?

L’organigramme s’enrichit tous les jours de nouvelles compétences, grâce auxquelles tout se prépare au mieux. Participant à l’ensemble des décisions, je supervise personnellement la mobilisation dans les régions et la concertation interassociative, tout en étant l’un des porte-parole. Je pense que Frigide et moi nous complétons bien. Je lui suis reconnaissant d’avoir voulu et organisé la manifestation du 17 novembre. Je découvre son énergie, ses talents et sa créativité. Elle connaît les personnes concernées par la revendication que nous contestons ; elle les aime avec sincérité. C’est à la fois une personnalité imprévisible et intuitive, et un « moteur à explosion ». Alors, bien sûr, une personnalité aussi peu lisse peut « déraper » dans le feu d’une interview. Certains de ses propos à l’emporte-pièce peuvent nous choquer. Elle le reconnait volontiers, et sait rectifier le tir. Les autres porte-parole la complètent.

J’apporte de mon côté la sagesse due… aux cheveux blancs ! J’agis peut-être comme un régulateur, notamment des tensions, inévitables quand il faut rassembler tant de monde. Je dois simplement témoigner que je n’aurais jamais cru participer à un tel mouvement, qui sort de mon cadre habituel de travail et d’engagement, en me faisant découvrir d’extraordinaires générosités. Il faut voir sur le terrain tant d’associations œuvrer dans une pareille unité sous une même bannière.

Sur le positionnement de fond de la manifestation la présence d’un char gay ou l’évocation d’une « homo-éducation » ne brouillent-ils pas le message ?

Tout est parti d’une phrase dans le style de Frigide, mais il ne s’est jamais agi de singer la Gay pride. Soyons clairs, nous en avons parlé ensemble : il n’y aura pas de char gay, pas plus que de chars « hétéro », car nous sommes au-delà de ce genre d’étiquette. En revanche, le témoignage des personnalités homosexuelles qui sont à nos côtés comme Xavier Bongibault, de Plus gay sans mariage, ou Philippe Ariño, auteur de L’Homosexualité en vérité – Briser le tabou, doit être entendu par le plus grand nombre. Ces amis nous aident à ouvrir notre cœur à la réalité de ce qu’ils vivent. Ils sont le plus à même de montrer que c’est le projet gouvernemental qui est « homophobe », dans le sens qu’il laisse croire que les personnes homosexuelles devraient cautionner l’effacement de la parité homme femme dans le mariage et dans la filiation. Quant au mot « homo-éducation » prononcé par Frigide Barjot dans une émission de radio, il a été mal compris : il ne s’agit pas de promouvoir l’homosexualité à l’école ou l’homoparentalité bien sûr, mais juste de souligner que, la notion d’« homofiliation » étant un mensonge, ce qui existe, ce sont des situations ou deux personnes de même sexe élèvent ensemble des enfants. Même si le lobby LGBT amplifie à dessein cette réalité, nous ne pouvons l’ignorer, pas plus que les problèmes que cela peut poser.

Quel est le seuil (numérique, psychologique, etc.) au-delà duquel le gouvernement sera obligé d’entendre les revendications du collectif ?

Nous sommes pour le moment traités de haut, tant au niveau gouvernemental qu’au niveau du parlement. Les promoteurs de ce projet ne plient pas. Ça ne m’impressionne pas trop : en politique, on laisse toujours croire que les décisions prises sont inéluctables. Vous connaissez la fable du chêne et du roseau : notre mobilisation de masse doit aboutir à déraciner un projet qu’ils veulent faire passer pour acquis. Vous avez vu comme cela se lézarde déjà à gauche, autour de la procréation artificielle voire de la gestation pour autrui… En période de crise, l’exécutif peut-il se payer le luxe de gaspiller son temps à affronter un très grand mouvement dont il n’a pas encore mesuré l’ampleur ? Notre motivation désintéressée au service du bien commun l’a surpris, elle peut le désarçonner.

Au-delà du 13 janvier, quels seront les fruits d’une telle mobilisation ?

Le 13 janvier 2013 est pour nous une première manifestation nationale, et nous continuerons d’occuper le terrain – et la rue – dans les semaines qui suivront. Vous avez vu que ce projet de loi divise profondément les Français, alors qu’ils ne sont que très peu nombreux (7 %) à le considérer comme prioritaire (1). L’immense majorité des Français reste attachée au repère de la filiation père-mère-enfant. En ce sens, la réussite du 13 janvier, c’est le début d’un grand mouvement. Il y aura un avant et un après. Et cette date facile à retenir est un rendez-vous avec l’histoire.

Samuel Pruvot et Aymeric Pourbaix

http://www.famillechretienne.fr/societe/politique/tugdual-derville-la-manif-pour-tous-peut-deraciner-un-projet-qui-passe-pour-acquis-22_t7_s37_d68048.html

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